Le doctorat développe-t-il suffisamment l’esprit critique ? « Produit »-il des penseurs critiques ou pousse-t-il à créer des spécialistes ?
Le doctorat forme à l’esprit critique
D’un côté, un esprit critique aguerri est le minimum que l’on devrait attendre d’un titulaire de doctorat. Le doute et la remise en question permanents sont au cœur de l’expérience même du doctorat, qui consiste à toucher aux limites (scientifiques tout autant que personnelles). Cela permet de développer la créativité et la résolution de problèmes complexes, deux compétences clés pour la société aujourd’hui. Marc Romainville a publié un ouvrage utile sur le sujet aux éditions PUF, À l’école du doute.
Mais cela dépend des circonstances
D’un autre côté, les circonstances dans lesquelles s’effectue le doctorat ont une influence non négligeable sur l’entraînement de cet esprit critique. Les circonstances personnelles de chaque doctorat sont extrêmement différentes d’un individu à l’autre (le financement, l’accompagnement, la prestation à temps plein ou partiel, l’expérience professionnelle antérieure, la durée possible, la pression selon la discipline…), sans compter que le système scientifique s’est enlisé dans une exigence de productivité effrénée (𝘱𝘶𝘣𝘭𝘪𝘴𝘩 𝘰𝘳 𝘱𝘦𝘳𝘪𝘴𝘩) incompatible avec le temps long de la réflexion, du doute et de la créativité.
Pour 𝘕𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦, Gundula Bosch explique qu’elle craint que les programmes doctoraux forment des spécialistes plutôt que des penseurs critiques et explique quelle solution personnelle elle utilise pour ses étudiants :
